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Organisation et méthodes : faire confiance à nos adolescents et à nos jeunes pour qu’ils trouvent leurs solutions et leurs façons de s’organiser.

Lors qu’il s’agit d’organisation ou de méthodologie, je vois souvent des parents qui tentent d’imposer leur méthode. Ces conseils et sermons partent toujours d’une bonne intention. Et pourtant, c’est une mauvaise idée !

Tenter d’imposer votre organisation vers vos ados : mauvaise idée !

Parmi les raisons qui font que votre adolescent ne suit pas vos conseils, vous trouvez au moins ces deux-là :

  • Chacun a des besoins différents. Les parents projettent leurs besoins et façons de faire sur leurs enfants. Or lorsqu’il s’agit de s’organiser, de poser un cadre, chacun a sa façon de fonctionner : certains sont structurés dans leur tête et étalent un bazar apparent autour d’eux, pour d’autres c’est le contraire. De contrôle freak à bordélique assumé, la palette est large.
  • Certains enfants/adolescents se construisent dans l’opposition.
    Réjouissez-vous, c’est bon signe : ils forgent leur personnalité. Si votre enfant est dans cette catégorie, il est probable que, par principe, il repousse la méthode que vous lui proposez.

Exemple d’organisation spontanée

Une improbable méthode pour organiser son travail !

Mon plus jeune fils n’applique, par principe, aucune des méthodes que j’utilise ou présente dans mes diverses formations. Il se construit en opposition.
Coté lycée, il s’en sort généralement sans trop travailler. Cette année arrive le moment où la charge de travail augmente : il sait qu’il doit fournir un petit effort pour être à la hauteur de ses ambitions et se constituer le fameux dossier[mfn][celui pour ParcoursSup][/mfn].

Quelle n’a pas été ma surprise, la semaine dernière, lorsqu’il m’a fièrement annoncé qu’il avait inventé sa propre méthode. Curieuse, le sourcil levé, j’attendais l’annonce. Elle tomba, inattendue et surprenante :  » je vais organiser mon travail avec une suite arithmétique de raison 20″.

Fébrilité immédiate autour de la table ! Les deux autres gars, le père et le grand frère, s’enthousiasment. Conversation surréaliste.
« ah, alors une raison de 20 minutes.
– ben oui ! pas 20 heures … » Ricanements
« Tu vois alors U0 = 20 minutes ; ça veut dire que le dernier jour des vacances, je travaillerai 3 h 20. C’est beaucoup. » Calculs, démonstrations.
– Le grand frère : « respect »

Décryptage de la personnalisation de méthode

Ainsi, ce jeune homme a mis en place une organisation en mélangeant la méthode Pomodoro et l’homéopathie.
N’ayant pas l’habitude de beaucoup travailler, il a décidé d’y aller progressivement : première journée de travail de 20 minutes, puis 40 minutes le jour suivant. Et chaque jour, il ajoute 20 minutes : c’est le principe d’une suite arithmétique.

J’ai trouvé cette fiche sur son bureau. Je serai incapable de travailler avec une telle liste qui manque de couleur à mon goût. Mais, je constate que ça lui convient parfaitement.
Voici un extrait de sa feuille de route :

Je suis bluffée. Le jeune a su répondre à son besoin de :

  • Monter progressivement en puissance : travailler plusieurs heures d’affilée lui semble insurmontable, il trouve SA façon de mettre un coup d’accélérateur.
  • Organiser le travail tout seul et innover sur la façon de faire : depuis toujours, il lui tient à cœur d’être autonome et de ne pas utiliser les mêmes méthodes que le reste de la famille.
  • Rester connecté à sa passion des mathématiques : il adopte une formule qui le fait sourire et l’amuse. Et oui, à chacun ses passions !

J’avoue en rire encore lorsque j’imagine le titre du prochain livre à la mode :  » organisez votre travail grâce aux suites arithmétiques ou la formule mathématique pour retrouver le plaisir d’étudier. » Sans conteste une niche éditoriale !

À vous de jouer : la bride sur le cou dans un cadre défini

Ici rien n’a été imposé. L’adolescent a simplement observé, au fil des ans, les différentes méthodologies appliquées autour de lui. Il a modélisé, testé et trouvé sa propre organisation pour répondre à ses objectifs : les siens; pas ceux de ses parents ou de ses professeurs.

Parents découragés, ne désespérez pas, restez ouverts, ouvrez des options sans forcer. Si votre adolescent est motivé, il trouvera ce qui lui convient : proposer des options comme on distribue des cartes. Votre jeune finira par trouver son atout.

Et surtout ni dictature ni condescendance, modélisez la posture de Samuel Étienne
Égrenez des questions pour simplement inviter votre jeune à savoir de quoi il a besoin pour se sentir plus « confortable » dans son travail.

Et vous avez-vous une méthode bizarre à proposer ?


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