Temps de lecture : 3 mn

Tokyo shaking est un film original qui aborde divers sujets tels que l’expatriation, la charge mentale de la femme cadre, le courage managérial, les « conjoints suiveurs », l’adaptation à une nouvelle culture, la relation parfois superficielle entre expatriés. Ce film explore des différences de culture mais aussi ce qui nous lie, ce que nous avons en commun …

Le scénario atypique retrace la vie d’une famille expatriée au Japon au moment de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Malgré les circonstances et la tension, je l’ai trouvé profondément optimiste parce qu’il nous rappelle que, face aux aléas de la vie, lorsque la survie est en jeu, la coopération s’organise, les humains s’entraident.

Le management au bout du monde

Le courage managérial

Le premier thème qui m’a accrochée est celui  du courage managérial

Alexandra, interprétée par Karine Viard, CFO d’une grande compagnie d’assurance à Tokyo est une professionnelle de la gestion des risques. Elle vient de prendre son poste et a été promue alors qu’une femme n’était pas attendue à ce poste.

Le spectateur perçoit clairement chez elle de profondes valeurs humanistes. Elle aime ses équipes et ça lui coûte de ne pas renouveller un contrat ou de devoir licencier sous la contrainte de sa direction.

Elle fait réellement attention aux gens. Il est perceptible qu’elle n’est pas dans les valeurs de surface : elle donne de vraies marques d’attention aux êtres humains qui croisent sa route. Comme l’illustrent les scènes avec le concierge de son immeuble ou la prise en charge des maids philippines abandonnées sur place.

Souvent, lorsqu’en formation, les managers me demandent qu’elle est la première qualité à avoir pour un poste de manager, je réponds systématiquement « il vous faut aimer les gens ». Alexandra dans ce film illustre superbement ce trait.

Loyauté managériale : tiraillé entre les ordres et l’humanisme

Alexandra est un bon petit soldat, voire même un « petit mouton ». Même si elle est en désaccord avec la position de son N+1, elle exécute les consignes d’une hiérarchie incohérente, lâche, qui n’a pas le courage de ses décisions et se réfugie derrière « Paris ». Une situation que j’ai souvent entendue chez des CEO ou CFO que j’ai accompagnés en expatriation.

Deux personnages de ce film illustrent ces managers exemplaires d’une loyauté absolue, qui, jusqu’au bout soutiennent une hiérarchie déconnectée de la réalité du terrain.

Stress, régulation des émotions et courage au cœur de la diversité culturelle

Shaking Tokyo aborde également la gestion du stress et la régulation des émotions. Ici la peur et l’incertitude créent des émotions fortes.

Le décalage culturel prend forme sous les yeux du spectateur : quel décalage entre la panique à l’occidentale et l’impassibilité des japonais, héritiers d’un code d’honneur particulier,  face au risque nucléaire.

Le thème du courage est présent et j’ai trouvé passionnant de voir comment une même valeur est portée différemment par les deux cultures.
Alexandra passe pour courageuse alors qu’elle aurait pu rentrer en France et se mettre à l’abri : elle avoue à la fin du film être restée pour d’autres raisons [je ne spoile pas]. Son équipe et notamment sa pétillante assistante, une iconoclaste dans la culture japonaise,  cachent derrière le courage apparent, la peur de la honte en cas de fuite.

Au final ce film , qui souligne tant de différences culturelles, inspire surtout à travers ce que l’humain a en commun, ce qui nous lie :  la beauté (ici le chant), le sens de la famille, et la coopération .

***

Ce film m’a beaucoup touchée et doit beaucoup à l’équipe japonaise et au talent de Karine Viard et de Stéphane Bak.


CRÉDIT IMAGE

Montage réalisé sous Canva avec l’affiche du film Tokyo Shaking