Et si ta présence et ta concentration passaient par tes mains ? Oui, tes mains, cette baguette magique pour focaliser ton attention et relaxer ton cerveau.

Un équilibre attentionnel vacillant

L’équilibre attentionnel de plus en plus fragile…

Le phénomène s’est amplifié avec le confinement : nous sommes toujours plus nombreux à nous plaindre de la baisse concentration, de la difficulté à lire un livre ou à focaliser l’attention sur une longue période.

La guerre de l’attention s’amplifie et apporte son lot d’injonctions : méditation, mindfulness, yoga, coloriage, mandala, une palanquée d’applications sur smartphone pour mieux se concentrer…
Lorsque j’anime des formations sur l’efficience et l’organisation, les participants me demandent des activités pour favoriser attention et concentration. Je ne crois pas en une réponse universelle. À chacun de trouver l’activité ou la non-activité qui lui convient pour favoriser son équilibre attentionnel.

Et parmi ces solutions, il y a cette extrémité souvent oubliée et pourtant si mobile, vivante, véloce : une main. Notre main, fabuleux outil du faire, artisane de notre évolution, dont nous oublions trop souvent qu’elle peut aussi être un formidable vecteur de notre équilibre attentionnel.

… qui peut s’ancrer dans la motricité fine

Je crois profondément aux activités de motricité fine pour régénérer le cerveau. En effet, la motricité fine implique l’usage de la main et va solliciter des zones du cerveau différentes que les activités purement intellectuelles.

D’ailleurs, lorsque j’accompagne avec des cartes mentales, j’invite toujours à commencer par des cartes manuelles et fais référence au travail de Sunni Brown.

Vidéo en anglais , sous-titrée en français de 5mn50

Elle souligne notamment la nécessité d’impliquer plusieurs modalités – visuelle, auditive, par la lecture ou par le corps – pour intégrer et s’approprier des informations. Qui pratique les cartes mentales observe que sa production n’est pas la même selon que la carte est faite à la main ou sur un logiciel. Si vous avez fait des antisèches sur un bout de papier pourri au fond de votre trousse, vous savez que le fait même d’avoir rédigé ce confetti vous a permis d’acquérir une partie de la leçon.

Personnellement, plus je suis fatiguée, plus j’ai besoin de gribouiller ou noter pour focaliser mon attention et suivre, comprendre et intégrer ce qui est dit.
Je reste d’ailleurs persuadée que la pratique d’une activité manuelle régulière favorise et pose une habitude de concentration

Ainsi, je me réjouis quotidiennement de voir s’amplifier l’appétence aux activités manuelles, au DIY-Do IT Youself- qui implique une sollicitation des mains et donc du canal kinesthésique.

Les mains, activatrices de concentration

Le bénéfice des activités manuelles

Voilà longtemps que j’observe à quel point les activités manuelles impliquant une motricité fine soutiennent, sur le long terme, mon équilibre attentionnel.
Déjà lorsque je travaillais dans les services financiers de grosses sociétés, j’avais noté ce besoin de retour au manuel : je défendais farouchement un créneau de deux heures, le samedi matin, pour faire de la mosaïque : couper, assembler, coller. Deux heures d’une transe de concentration absolue qui me permettaient, plus tard dans la semaine, de faire preuve de créativité intellectuelle.
Je ne suis jamais plus apaisée que lorsque je jardine, peins ou couds. Le temps suspend alors son vol ; seule compte la matière qui prend vie sous mes mains.
À certaines périodes de ma vie, j’ai délaissé ces activités manuelles, J’ai alors eu du mal à produire les « livrables » imposés par mon métier.

Les activités manuelles sont exigeantes : elles impliquent attention et précision sinon, c’est l’incident : piqûre, coupure ou tout autre phénomène qui laissera une petite cicatrice sur la main. C’est une remarquable école de la présence à soi, une façon d’habiter pleinement son corps.
J’avoue avoir toujours eu une fascination pour les métiers manuels. Lorsque je vivais à Dubaï, j’étais toujours heureuse d’apporter des chaussures à réparer à un petit cordonnier de la vieille ville. Il était muet mais ses mains parlaient. Elles dansaient sur la matière, clouaient, martelaient, polissaient, collaient. Virtuoses et rapides, elles redonnaient vie aux chaussures les plus ternes. La précision et la dextérité de cet homme étaient presque magiques. Le regarder travailler était une profonde source d’apaisement. Mes neurones miroirs étaient sans doute à l’œuvre.

Une discipline de liberté

Effectivement, les moments d’activités manuelles constituent un moment privilégié, un entraînement à fixer  l’attention sur les minuscules détails de la vie .
Ainsi, depuis septembre 2020, j’ai décidé de redonner un créneau officiel à mes mains : j’apprends à réparer et transformer des vêtements avec la créatrice Céline Dupuy, Mademoiselle Kou. Une activité qui soutiendra la créativité intellectuelle dont j’ai besoin dans mon métier de formatrice et coach.

Je ne suis pas la seule que l’activité manuelle apaise et régénère. Je discute régulièrement avec une créatrice hors pair, qui passe des heures à choisir, toucher et manipuler des textures et des perles pour donner vie à des bijoux qui narrent des histoires du passé. Lorsqu’elle raconte son parcours, dans ses silences et ses non-dits, transparaît le chemin chaotique pour émerger d’un long burn-out. C’est à ses mains qu’elle doit la sortie de l’enfer, la renaissance de sa créativité et l’apaisement des voix intérieures dont la bombardait son cerveau stressé.
Elle évoque un « cercle vertueux : il faut faire le vide pour travailler la matière et travailler la matière permet de faire le vide. Au début, c’est une discipline, puis ça devient un automatisme. Dés que je touche la matière, la boite à wah wah s’apaise dans ma tête ».

J’aime cette expression « la boite à wah wah », superbe résumé du sempiternel dialogue intérieur que nous nourrissons lorsque nous sommes sous la ligne. L’apaisement procuré par l’activité manuelle permet alors de souffler, d’atteindre le repos.
Et la créatrice ajoute : «  le rituel et la routine de création apaisent. Il faut lâcher prise et se faire confiance« . Et oui, c’est aussi cela le travail des mains : un véritable outil pour se reconnecter à la confiance en soi.

Et vous, que faites-vous pour stimuler votre motricité fine et utiliser vos mains pour préserver votre équilibre attentionnel ? 


Remerciements :
Merci à la créatrice de m’avoir autorisée à partager son inspirante histoire

Crédit image : Montage photo réalisé sous canva avec une image libre de droits (Pixabay) de MartaPoseMuckel