Avez-vous la sensation d’avoir perdu la notion du temps depuis le début du confinement ?
Moi oui ! D’ailleurs, j’ai raté la publication de Dimanche à 11 h 16 !

Ces derniers jours, je perçois à quel point, pour un enfant, le futur c’est simplement « demain ».
-« Maman, demain on part en vacances ? ».
-« Oui mon chéri, demain dans trente-cinq dodos ».
-« Ah chouette, demain alors ! »
Sourire.

Étrange situation : nous ne savons pas dans combien de dodos nous pourrons retourner à l’école, retrouver John, notre horrible et détesté collègue de l’open-space qui nous manque cruellement. Quand pourrons-nous descendre quotidiennement à la boulangerie admirer le sourire bienveillant de la plantureuse boulangère ou encore reprendre le rythme rassurant de nos activités hebdomadaires ?

Le confinement nous renvoie à notre relation au temps

Je constate autour de moi ce léger flottement au moment de dire le jour, le doute : « quel jour est-on déjà ? »
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je suis tombée sur une chronique de France Culture traitant du thème :  « Sommes-nous encore les maîtres du temps ? » .

Le confinement ne prive pas seulement d’espace mais du temps… pas de temps mais du temps. Oui, on pensait le retrouver (en étant dispensé des temps de trajets, des rendez-vous extérieurs ou autres), mais on semble carrément l’avoir perdu… On semble avoir littéralement perdu la notion du temps. Où serait-elle donc passée ?

Ceux qui me suivent sur facebook savent que j’ai mis en place une série « Un jour une plante chez la fougère confinée » : je poste quotidiennement une photo végétale avec la mention #JourXX.
Au début, j’étais étonnée d’entendre des amis avouer visiter mon mur pour se remémorer le décompte des jours ; d’autres trouvent un apaisement à visualiser ce rituel.

Notre inconscience très banale du temps

Comme le souligne, la journaliste dans le podcast cité ci-dessus en référence :

Ce confinement révèle en fait quelque chose d’incroyable mais d’assez peu exceptionnel : notre inconscience très banale du temps.
Je ne crois pas que ce soit lui qui nous engloutisse, je crois plutôt que c’est nous qui l’avalons, habituellement, sans en tenir compte.
Voilà pourquoi nous pensons avoir perdu la notion du temps aujourd’hui : nous prenons en fait conscience que nous ne l’avions jamais trouvée.

Quel paradoxe ! Tandis que certains perdent la notion des heures dans une course vertigineuse pour trouver des lits, sauver des vies, créer un vaccin, des tests, d’autres perdent la notion du temps à force de lenteur.

Finalement, la question que je posais dans l’un des premiers billets de ce blog « en quête d’organisation «  reste entière et soulève notre responsabilité quant aux choix que nous effectuons pour occuper, remplir notre temps. Comme je le rappelle régulièrement en formation : « on ne gère pas le temps. Au mieux, on régule notre propre relation au temps et la perception qu’on en a ».

Depuis la nuit des temps, nous, espèce humaine avons inventé les rituels et les routines.
Pour qui connaît mon obsession à réguler ma relation au temps, est-il étonnant que j’ai choisi de rythmer les jours avec des espèces végétales ?
Ainsi, chaque jour de confinement prend une forme végétale.

Demain, dans longtemps, dans vingt ans, je me souviendrai peut-être qu’au jour « Tulipe », ce fut la première annonce du prolongement de confinement, au jour « Clématite LeCoultre fleurie », ce fut l’annonce d’un traitement fiable et déployable en masse, etc.
Et le passé aura la couleur des fleurs.

Et vous, si vous êtes confinés, que mettez-vous en place pour rythmer le temps ?


Billet inspiré par le podcast de Géraldine Mosna-Savoye dans une émission de France Culture.

Visuel réalisé sous Canva à partir d’une image libre de droits de Pavlofox